Bruno Jouanne Gratpanche. Chansons.

Je vous présente quelques textes écrits depuis 1976, à Maisons-Laffitte, Mesnil le roi et Persan.
Vous pouvez écouter certaines chansons en cliquant sur le titre. La plupart sont arrangées et interprétées par mon camarade Jean-Michel Dauphy. Bonne écoute.
Accès au site

Persan

12.10.06

POUR VIEILLIR AVEC TOI

On dit qu’un jour tu t’en iras
On dit qu’un jour tu me quitt’ras…

Je mettrais les p’tits plats dans les grands
Je fout’rais les pieds dans le plat souvent
Je mouill’rais le bouillon, j’mouillerais ma liquette
Pis j’m’allongerais sur la moquette

Tout ça pour dormir avec toi
Tout ça pour dormir avec toi

Et puis si tu rentres un peu trop tard
Et puis même si tu ne rentres pas un soir
Je n’aboierais pas, je te le promets
J’ferais com’si tu m’aimais

Oui, tout ça pour veiller sur toi
Oui, tout ça pour veiller sur toi


J’irais même jusqu’à faire la vaisselle
Et s’il le faut j’te trouv’rais belle
Mêm’si tu fais la gueule, que t’es moche
Mêm’ si j’ne suis pas d’ceux qui s’accrochent

Tout ça pour rester avec toi
Tout ça pour rester avec toi

Si un jour tu souffres, si tu pleures
Si s’en vient le temps des malheurs (du malheur ?)
Si s’en vient le temps des jours sombres
Je te suivrais comme ton ombre

Tout ça pour souffrir avec toi
Tout ça pour souffrir avec toi

J’ne suis pas de ceux qui courbent l’échine
J’ne suis pas du genre à faire des mines
Mais si j’deviens laid, tout ridé
Je n’hésiterais pas à me farder

Tout ça pour vieillir avec toi
Tout ça pour vieillir avec toi

Quand j’aurais vraiment plus la banane
Quand je s’rais courbé com’un’ canne
Au moins tu pourras t’appuyer sur moi

Si tu veux bien vieillir avec moi
Si tu veux bien vieillir avec moi…

LE LIVRE D'IMAGES


Je voudrais un livre d’images
Sans commentaire, sans message
Y’aurait des fleurs sur chaque page
Dans un ciel bleu sans nuage

Ce serait le livre rêvé
Pour s’endormir ou s’enlacer
Pour s’échapper, pour s’envoler
Par-dessus nos portes dorées

Je voudrais un livre d’images
Sans commentaire, sans message
Y’aurait des fleurs sur chaque page
Dans un ciel bleu sans nuage

Se serait une sorte d’oubli
Dans les pastels, dans les lavis
Sur l’existence une embellie
Comme un refuge, une éclaircie

Je voudrais un livre d’images
Sans commentaire, sans message
Y’aurait des fleurs sur chaque page
Dans un ciel bleu sans nuage

Mais j’allume un poste au hasard
Une bombe explose dans une gare
Un otage tombe quelque part
Une guerre éclate et c’est trop tard

Trop tard pour le livre d’images
Trop tard pour le livre
Pour le livre d’images
Trop tard

MOLLY ( ballade dans un voyage II )

Là-bas en Amérique si tu me lis
Saches que j’t’aime encore pauvre Molly
Où que tu soyes mon p’tit amour tendre
Si tu peux me lire, si tu peux m’entendre

Molly, Molly si un jour tu me lis

J’ai trempé ma plume dans la boue
Dans le sang et dans la merde, partout
J’ai écris ces lignes qui sentent en somme
L’odeur de l’être et la misère de l’homme

Molly, Molly si un jour tu me lis

Indigne de ton penchant pour le bonheur
De tes parfums, de ta peau , de ton cœur
J’te laisse dans ce pays trop haut pour moi
Faut me comprendre, je n’ai pas le choix

Molly, Molly si un jour tu me lis

Je n’ai jamais su où poser mon sac
Dans un hôtel ou au fond d’un claque
Avec les gars dans le bruit des machines
J’ rêvais d’un’ fille un soir après l’usine

Molly, Molly si un jour tu me lis

Un’ jolie fille pas chère, dans mes moyens
Un’ fille, je la revois, je m’en souviens
Et c’était toi, et ton cœur et tes bras
Tu pris ma solitude sous ton drap

Molly, Molly si un jour tu me lis

Place de Clichy ce soir le temps est sombre
Y a plus de lumière, il n’y a plus d’ombre
L’Europe se remet de la guerre Molly
Elle reviendra, si un jour tu me lis…

Molly, Molly si un jour tu me lis
Molly, Molly si un jour tu me lis
Molly, Molly, tu sais je suis pas mort
Molly, Molly, tu sais je t’aime encore

Molly, Molly si un jour tu me lis…

Qu’est-ce qu’ils veulent les hommes tous compt’ faits
Que nous deux Molly nous n’auront jamais
Le goût des armes et puis le goût du sang
Ce seront eux les hommes décadents.

Si un jour tu me lis…

Ecoute de la chanson

ROAD MOVIE

Parfois faut bien savoir
Terminer une histoire
Prendre un train, se barrer
Prend’(re) la route et marcher

Et je marche

Sans savoir où aller
Sans savoir qui app’ler
Et je marche
Pour n’importe où je marche
Sur la route je pars
Destination « plus tard »


Le long des avenues
De cette ville inconnue
Aux lumières cruelles
Aux couleurs irréelles


Les filles de la nuit

M’appellent mais je m’enfuis
Comme on fuit son passé
Quand on en a assez

Et je marche
Sans savoir où aller
Sans savoir qui app’ler


Et je marche
Pour n’importe où je marche
Sur la route je pars
Destination « plus tard »

Les routes sont toutes les mêmes
Quand on quitte celle qu’on aime
Un parking, une gare
Un motel, le cafard


Des amis de passage
Me disent : « tournes la page »
Et on boit de la bière
Comme on boit sa misère


Et je marche
Sans savoir où aller
Sans savoir qui app’ler


Et je marche
Pour n’importe où je pars
Destination « plus tard »

J’ai jeté mon blouson
Les clés de la maison
Y’a une route derrière la porte
Dans sa fuite qu’elle m’emporte

Et je marche
Pour n’importe où je marche
Vers les jours incertains
Vers les tendres matins

Et je marche
Pour n’importe où je pars
Destination « plus tard »




Tonton Alcide ( ballade dans un voyage I )

Tonton Alcide, il reste là
Dans son petit coin d’Afrique
Avec les nègres et les moustiques
Il ne se prend jamais la tête
Même si la vie c’est pas la fête
Tonton Alcide il reste là
Il fait ses petits trafics
Dans son petit coin d’Afrique
Avec la fièvre et la chaleur
Avec le rien et la moiteur
Tonton alcide, il reste là
S’il le voulait il partirait
Pour le nord, les pays frais
S’il reste ici c’est pour le fric
Pas pour les nègres, pas pour l’Afrique
Il reste ici pour la petite
Ses robes, ses livres, la pension
Les frais de l’institution
Pour la petite orpheline
Pour la petite orpheline
Tonton alcide, il reste là
Tonton a l’esprit de famille
Même s’il ne vaut pas une bille
Ce sera son plus bel honneur
De tout laisser même’son bonheur
Pour l’avenir de cette petite,
Qu’il ne connaîtra jamais
Lui Alcide qu’on aima jamais
Il cultive cette petite fleur
Un p’tit bout tendre dans son cœur
Un petit bout de petite fille
Toute seule bien loin de l’Afrique
Elle n’connaît rien des moustiques
Dans sa jungle parisienne
Entend-t-elle le rire des hyènes ?
Aux colonies
On boit
De la boue
Aux colonies
On voit
Pas le bout
De sa misère
On s’habitue
A son enfer
Et au palu.